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ARCHÉOLOGIE & SOCIÉTÉ Archéopages Les archéologues face à l’économie Éditorial 3 Dominique Garcia Archéologie, histoire, économie 4 Julien Zurbach Préambule L’envie de monnaie 12 Ludovic Desmedt, Eneko Hiriart, Julien Zurbach 1 2 34 La valeur, l’idéel et le matériel Formes monétaires, instruments des échanges 24 27 34 45 48 Patrice Brun Stéphane Verger Jean-Luc Boudartchouk Patrice Cabau Laurent Feller Gilles Postel-Vinay 56 64 Eneko Hiriart Fabien Pilon Production, prédation. Exploitation et transformation des ressources naturelles Échelles des échanges 76 81 88 93 97 109 Florence Weber Denis Retaillé Pierre Séjalon Jean-Paul Jacob Michel Kasprzyk Thomas Calligaro Patrick Périn 124 133 140 Christophe Darmangeat Anne Bridault Stéphane Frère Vincent Carpentier 3 Échelles des échanges La production et la consommation se jouent maintenant à l’échelle mondiale : c’est presque céder à un poncif que d’écrire cela aujourd’hui. Mais on s’interroge peut-être d’autant plus sur ce phénomène qu’on craint désormais la fin de la mondialisation, ce qui aurait été impensable il y a dix ans. Face à la globalisation, l’attitude des historiens et archéologues est souvent double : montrer qu’il n’en a pas toujours été ainsi ou chercher des cas anciens de globalisation qui rendent l’actuel plus familier ou au contraire le distinguent de tout ce qui a précédé. Du point de vue méthodologique, le renouvellement vient surtout de l’attention à toutes les échelles des productions et des échanges, et à l’imbrication de ces différents niveaux. Le grand historien polonais Witold Kula montrait dans le même livre (Théorie économique du système féodal, Paris, 1970) la dépendance des grands domaines polonais envers les débouchés d’Europe occidentale et la force de résistance et d’innovation des maisonnées paysannes. Les archéologues sont habitués aux contacts lointains parfois surprenants, à la succession des périodes d’ouverture et de repli. Ce sont ces deux aspects, diversité des acteurs et diversité des échelles, auxquels on s’attache ici, ainsi qu’à leurs imbrications et à la fragilité des systèmes de contacts lointains. La diffusion du style polychrome L’une des manifestations culturelles les plus marquantes de l’époque des Grandes Migrations et des « Royaumes barbares » consécutifs, qui se sont substitués à l’Empire romain d’Occident à partir du ve siècle, a été sans conteste la diffusion en Occident du « style polychrome » (Périn, 1993) [ill. 1]. Cet art décoratif y a connu deux manières : d’une part un style couvrant, dit « cloisonné », qui caractérise les ve et vie siècles, et d’autre part, un style à semis de gemmes et de verroteries isolées « montées en bâtes », qui ne se développe en Europe de l’ouest (à la différence du monde oriental) qu’à partir des années 600, à l’époque où, comme nous le verrons, les grenats indiens ne parviennent plus en Occident et que les grenats de provenance locale, du fait de leur petite taille, ne permettent pas de réaliser un cloisonné couvrant. L’origine et la diffusion de ces styles, qui découlent de la datation des objets supports, de ÉCHELLES DES ÉCHANGES 109 JUILLET 2019 L ’existence à l’époque gréco-romaine d’un grand commerce, principalement maritime mais aussi terrestre, entre le monde indien et la Méditerranée est bien attestée par les textes ainsi que par des indices archéologiques, davantage, en ce qui concerne ces derniers, pour l’Inde que pour l’Occident (Suresh, 2004, 2007). Néanmoins, les sources écrites pouvant témoigner de la continuité de ces échanges durant le haut Moyen Âge sont des plus maigres, du moins du côté occidental, à l’exception de la Topographie chrétienne de Cosmas Indicopleustès (WolskaConus, 1973) qui prouve que des textiles précieux, des épices et des gemmes parvenaient toujours en Occident au vie siècle (Doehaerd, 1971). Les sources écrites indiennes et perses, puis arabes, renseignent davantage (Banaji, 2012 ; Christides, 2015). Mais, hormis quelques restes de tissus, conservés dans les trésors d’églises ou issus de fouilles exceptionnelles, comme celles des sépultures mérovingiennes de la basilique de SaintDenis, les témoins matériels de ces échanges demeurent très rares. Grâce aux fouilles récentes menées en Europe de l’ouest et au développement des études en laboratoire, cependant, il est maintenant possible d’établir qu’au début de l’époque mérovingienne, on a utilisé en Gaule des micro-perles de verre de type « indo-pacifique » (Pion et Gratuze, à paraître) et employé massivement dans l’orfèvrerie cloisonnée des grenats provenant d’Inde et du Sri Lanka (Ceylan), ce qui démontre la survivance, au moins jusqu’à la fin du vie siècle, d’échanges suivis entre le subcontinent indien, le monde méditerranéen et l’Occident mérovingien. HORS SÉRIE Thomas Calligaro Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France, Palais du Louvre, Paris, France Patrick Périn directeur honoraire du Musée d’Archéologie nationale (Saint-Germain-en-Laye) l’analyse comparative de leurs caractères stylistiques et techniques, ainsi que de l’interprétation de leur répartition géographique, partagent souvent encore historiens de l’art et archéologues et alimentent des théories parfois divergentes. Le cloisonné, comme son nom l’indique, est constitué par un décor tout ou partie couvrant de grenats et très rarement de verroteries, notamment rouges, qu’on se procurait alors difficilement en Europe, juxtaposés dans un réseau géométrique et parfois zoomorphe de cloisons métalliques soudées à l’intérieur d’un boîtier, également en métal. Sous les grenats et les verroteries, reposant sur un ciment de remplissage, se trouve habituellement un paillon, constitué d’une feuille d’or ou d’argent (parfois doré), généralement gaufrée par estampage, qui, tel un catadioptre, permet par la réflexion de la lumière de rehausser l’éclat de l’ornement. Le métal des boîtiers est, dans les pays méditerranéens, fréquemment en bronze, alors que le fer, avec des cloisons en or, caractérise davantage le monde mérovingien proprement dit. Les motifs imprimés sur les paillons, quant à eux, paraissent dépendre des zones géographiques : quadrillages orthogonaux pour la Gaule du nord ou losangiques dans la partie orientale du royaume mérovingien surtout, avec, notamment en Allemagne du sud, des paillons ocellés, fort rares et témoignant peutêtre de fabrications méditerranéennes (Vielitz, 2003). Selon le cas, le décor cloisonné épouse la forme de l’objet support (plaques de ceinture, fibules, garnitures de fourreaux d’épée et de scramasaxe, objets à caractère liturgique dans le monde chrétien) ou constitue à sa surface un ou plusieurs motifs indépendants (animaux, entrelacs) qui sont purement géométriques ou de caractère figuratif (évocation d’écailles de poissons, de plumes d’oiseaux). De nombreux travaux, parfois divergents, ont été consacrés à l’origine et à la diffusion du style cloisonné (Zasetskaja, 1979, 1982 et 1999 ; Ambroz, 1971 ; Schukin et Bajan, 1995 ; Arrhenius, 1985 ; Kazanski et Périn, 1996 ; Adams, 2000). Il en résulte que c’est à partir des régions comprises entre Constantinople et l’Iran, c’est à dire le Proche et le Moyen-Orient, que le style cloisonné est apparu aux iiie-ive siècles, puis a progressivement gagné l’Europe centrale et occidentale, notamment véhiculé par les Barbares germaniques et alanosarmates, ainsi que par l’armée romaine « barbarisée », comme en témoigne une série de découvertes significatives : Pietroassa (Roumanie), Simleul-Silvaniei (Roumanie, premier tiers du ve siècle), puis Apahida (Roumanie), Blučina (Moravie), Bakodpuszta (Hongrie), enfin Pouan (Aube) et la tombe de Childéric à Tournai (dernier tiers du ve siècle), celles-ci constituant les exemples les plus remarquables de la diffusion progressive du style cloisonné dans l’ouest de l’Europe (Kazanski et al., 2000). Adapté par les artisanats locaux, le style cloisonné, dont les plus remarquables pièces ont pu être produites dans des ateliers centraux, peut-être à Byzance ou à ARCHÉOPAGES Le commerce des grenats à l’époque mérovingienne 110 [ill. 1] En haut, un exemple de fibule cloisonnée de grenats (Louvresen-Parisis, Val-d’Oise ; nécropole mérovingienne de l’église Saint-Rieul, tombe 123). En bas, schéma d’assemblage d’une fibule cloisonnée : les lames de grenat reposent sur un paillon en feuille d’or estampée, lui-même placé sur un ciment. Ravenne, devait alors connaître une large diffusion dans les royaumes barbares d’Occident (Italie ostrogothique puis lombarde, Espagne wisigothique, Gaule mérovingienne, royaumes anglo-saxons, Germanie, Scandinavie et Afrique vandale), des objets de grande qualité voisinant avec des productions moins raffinées. L’origine géologique des grenats utilisés par les orfèvres européens À la fin du xixe siècle, le cloisonné a fait l’objet d’investigations dans le but de déterminer la nature – verre ou minéral – des incrustations rouges (de Linas, 1864). Des examens simples, comme la résistance à la rayure par une lame d’acier, ont montré qu’il s’agissait presque toujours de grenats, la présence de verre rouge étant exceptionnelle. Le grenat est un minéral qui possède les qualités requises pour être gemme : grande dureté assurant sa pérennité (équivalente à celle du cristal de roche), bonne transparence et indice de réfraction élevé (n = 1.75) lui procurant un bel éclat et une couleur attrayante, en l’occurrence diverses nuances de rouge. En revanche, la composition chimique des grenats, contrairement à celle de la majorité des pierres précieuses, n’est pas unique. Ils forment une famille de minéraux de composition variable résultant d’un mélange de pôles minéralogiques purs¹ en différentes proportions. La série la plus courante est celle des grenats qui associent les pôles purs dénommés pyrope Mg3Al2(SiO4)3, almandin Fe3Al2(SiO4)3 et spessartite Mn3Al2(SiO4)3 (Deer et al., 1982 ; O’Donoghue, 2006). Les grenats archéologiques ont généralement une composition qui comporte majoritairement les pôles pyrope et almandin que nous dénommerons pyraldins. La composition chimique des grenats dépend à la fois de celles des roches environnantes et des conditions de pression et de température qui ont prévalu lors de leur formation. Cette composition varie d’une source à l’autre ; elle constitue une signature que l’on peut exploiter pour en déterminer la provenance. Les grenats ornant des poignées et fourreaux d’épée ou des bijoux et accessoires vestimentaires mérovingiens ont été étudiés scientifiquement dès les années 1960. Les premiers travaux ont porté sur un nombre restreint de grenats avec des méthodes de caractérisation limitées ; ils confirment l’existence de groupes de composition chimique distincts sans amener de conclusion sur leur provenance. Ces résultats assez décevants ont conduit Helmut Roth à considérer que l’approche minéralogique était vaine et qu’il fallait lui préférer une approche archéologique complétée par l’étude des textes (Roth, 1980). Malgré cela, plusieurs programmes d’étude ont été menés dans les années 1980. Le plus important a été celui de Birgit Arrhenius qui constitue un chapitre de sa monumentale étude sur le style cloisonné mérovingien (Arrhenius, 1985). La caractérisation par diffraction des rayons X (XRD) de 65 grenats lui a permis de distinguer quatre classes en fonction de leur paramètre de maille. Par comparaison avec des grenats géologiques de référence provenant de Bohême (République tchèque), du Sri Lanka et d’Autriche, elle a proposé que les grenats de sa classe 1 – des almandins les plus nombreux parmi les objets étudiés – provenaient d’un gisement situé à Zbyslav, en Bohême. Les grenats de sa classe 2, identifiés sur des objets de Hongrie, auraient été extraits de gisements situés au sud-ouest de l’Autriche. En revanche, les grenats de sa classe 3 correspondraient à des gisements d’Asie mineure et ceux de sa classe 4 à des gisements situés au Sri Lanka et en Inde. En 1997, Staf Van Roy et Lisa Vanhaeke ont mené l’étude gemmologique de grenats almandins montés sur huit objets mérovingiens des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles (Van Roy et Vanhaeke, 1997). Sur la base de l’examen au microscope des inclusions minéralogiques, les auteurs ont distingué deux groupes de grenats. S’appuyant sur les travaux de Eduard Josef Gübelin sur des inclusions dans les gemmes (Gübelin et Koivula, 1986), ils ont conclu que les almandins . La formule chimique générale des grenats est A++3B+++2(SiO4)3 où A est un élément divalent comme Mg, Ca, Mn ou Fe et B un élément trivalent comme Al, Cr ou Fe. ÉCHELLES DES ÉCHANGES 111 JUILLET 2019 Le programme « grenats » mené au C2RMF depuis 1999 Au vu du nombre d’études de laboratoire menées sur l’origine des grenats mérovingiens, on était en droit de s’interroger sur l’intérêt d’un programme supplémentaire. Il nous a cependant semblé que le progrès des méthodes employées, mais également leur combinaison avec de nouvelles techniques analytiques, devait permettre, par une caractérisation plus fine, de confirmer et de préciser les groupes observés à l’occasion des travaux précités. Nous avons également estimé que l’application de ces méthodes à un très grand nombre d’échantillons donnerait plus de poids à l’interprétation statistique des résultats obtenus. Nous avons donc choisi, grâce aux possibilités analytiques offertes par le C2RMF, de combiner deux méthodes non destructives, rapides et performantes, qui pouvaient s’appliquer directement aux grenats montés sur les objets archéologiques. La première est l’analyse chimique par méthode PIXE. Cette méthode, mise en œuvre avec un accélérateur de particules, permet de déterminer directement, sans préparation ni dommage, la concentration des éléments chimiques composant les grenats. Elle offre une bonne précision (quelques % d’erreur) et une haute sensibilité (détection d’impuretés en concentration aussi faible que 0.0001%), ce qui permet de mesurer les éléments traces hors de portée des méthodes employées précédemment. Pour les grenats, il s’agit des éléments chrome, titane et yttrium, qui constituent autant de nouveaux critères de provenance. La deuxième méthode est la caractérisation des inclusions par microspectrométrie Raman et micro-PIXE. Le spectre Raman permet d’identifier les inclusions, même HORS SÉRIE similarité avec des grenats de référence d’Inde et du Sri Lanka, sans qu’on puisse pour autant écarter les gisements de Scandinavie et des Alpes ; le Groupe 2 était composé de pyropes chromifères de composition chimique quasiment identique à 69 grenats de référence provenant de Bohême (Třebenice, Mĕrunice). Ces grenats, de petite taille, n’ont été observés que sur les objets les plus tardifs (à partir de la seconde moitié du viie siècle). Ces résultats ont été interprétés comme un changement dans les sources d’approvisionnement en grenats au cours du viie siècle, les grenats acheminés jusqu’alors d’Asie étant remplacés par des pyropes de Bohême. La synthèse de tous ces travaux est difficile. Si toutes les études s’accordent sur l’emploi de plusieurs types de grenats à l’époque mérovingienne, les résultats d’analyse ne sont guère comparables, les méthodes employées avant 1999 ne donnant pas une composition quantitative, mais plutôt des valeurs brutes spécifiques aux instruments employés. Pour pouvoir confronter ces résultats, il aurait été utile de définir, comme l’avait proposé Mavis Bimson, un ensemble de grenats-étalons pour inter-calibrer méthodes et instruments (Bimson et al., 1982). ARCHÉOPAGES ornant les bijoux mérovingiens étudiés présentaient une grande similitude avec les grenats d’Inde et du Sri Lanka et ont écarté l’hypothèse émise par Birgit Arrhenius, selon laquelle ces almandins aient pu provenir d’Autriche. En 1998, François Farges a publié (Farges, 1998) l’analyse chimique de 118 grenats d’objets provenant de tombes aristocratiques du début de l’époque mérovingienne découvertes à Louvres-en-Parisis (Val-d’Oise) (Hubert et Périn, 2018). Les compositions ont été déterminées par la méthode PIXE à l’aide de l’accélérateur de particules AGLAE qui venait d’être installé au Centre de Recherches et de Restauration des Musées de France (Farges, 1998). Étonnamment, il n’a identifié aucun almandin, pourtant souvent présents dans ce type d’objets, mais des grenats riches en pyropes. Il a distingué trois types : le type I constitué de pyralspites (40 % de pyropes, 60 % d’almandins) qu’il a pensé venir du Sri Lanka ; le type II riche en pyropes, mais sans chrome (60 % de pyropes, 30 % d’almandins) de provenance indéterminée ; le type III, constitué de pyropes, riche en chrome (70 % de pyropes), qu’il a considéré comme provenant de Bohême. Ce travail pionnier a mis en lumière l’usage de pyropes chromifères à une époque précoce, mais l’analyse récentes de ces mêmes grenats a montré que l’analyse de la composition des types I et II était erronée (Calligaro, 2008). En 1999, Susanne Greiff a publié l’étude d’une centaine de grenats archéologiques provenant des collections du RömischGermanisches Zentralmuseum de Mayence, complétée par des grenats géologiques de référence provenant de 82 gisements d’Europe et d’Asie (Greiff, 1999). Deux méthodes ont été employées : l’analyse par fluorescence X (XRF) et l’analyse quantitative au microscope électronique à balayage (SEM-EDX). Sur la base de leur composition en fer, calcium et manganèse, Susanne Greiff a distingué quatre groupes de grenats et comparé ces résultats avec ceux obtenus à partir du plus vaste ensemble de grenats de référence analysé à l’époque. Les grenats du groupe H, les plus nombreux, présentaient une grande similarité avec des grenats almandins d’Inde, en particulier d’Orissa et du Madhya Pradesh. Le groupe S1 pouvait correspondre aux gisements du Tamil Nadu (Inde), du Simplon (Suisse) ou de Holt (Norvège). Quant au groupe S2, il pouvait provenir de Ratnapura (Sri Lanka) ou du Tamil Nadu (Inde) alors que le groupe S3 ne correspondait à aucun des grenats de référence considérés. Il est à noter qu’aucun des grenats archéologiques étudiés ne s’est révélé riche en pyropes. Susanne Greiff a ainsi été amenée à écarter la très grande majorité des gisements de Scandinavie et d’Europe centrale. En 2000, Dieter Quast et Ulrich Schüssler ont déterminé la composition de 203 grenats montés sur 48 objets mérovingiens du Württembergisches Landesmuseum de Stuttgart, à l’aide d’une microsonde électronique (Quast et Schüssler, 2000). Ils ont distingué deux groupes : le Groupe 1 comprenait des pyraldins présentant une grande 7 Type I Type II 6 Type III Type IV 5 Type V 4 3 2 1 CaO % 0 0 MgO % 5 10 15 20 0 MgO % 5 10 15 20 1e5 112 10000 1000 100 10 Cr2O3 (µg/g) 1 1000 [ill. 2] Diagramme CaO en fonction de MgO mettant en évidence les six types de grenats identifiés dans les objets mérovingiens (types I, II, IIIa, IIIb, IV et V). [ill. 3] Les mêmes six types de grenats s’observent dans le diagramme Cr2O3 en fonction de MgO. La classification établie sur la base des compositions en calcium et magnésium (ill. 2) se retrouve pour l’élément trace chrome. 10 [ill. 4] Diagramme Y2O3 en fonction de MgO, confirmant la présence de six types de grenats identifiés pour les objets mérovingiens. La même classification est observée pour l’élément trace yttrium. Y2O3 (µg/g) 0 MgO % 5 10 15 20 Les résultats obtenus : mise en évidence de six groupes de grenats Le diagramme de la teneur en CaO en fonction de MgO [ill. 2] nous a permis de distinguer nettement six groupes de grenats, nommés types I, II, IIIa, IIIb, IV, V. Ce résultat est tout à fait remarquable, surtout si l’on considère l’étendue de Types I et II : almandins Ces grenats sont majoritaires dans le cloisonné mérovingien (respectivement 50 et 30 %). D’origine métamorphique, ils se rencontrent généralement dans des gneiss et schistes à biotites à quartz, micas et sillimanite (Kievlenko, 2003). Ce sont des minéraux très répandus et leurs sources sont nombreuses, notamment en Europe dans les massifs des Alpes, de Bohême, des Pyrénées et de la Sierra Nevada où certaines sources telles que celles d’El Hoyazo près d’Alméria en Espagne présentent une composition similaire au type I (Gilg, Hyršl, 2014). Toutefois, certains gisements de grenats almandins d’Europe se démarquent des types I et II par une composante almandine plus forte que celle du type I, comme à Zillertal en Bavière ou à Zbyslav en Bohême (Greiff, 1999). Les compositions de grenats de référence géologique publiées par Dieter Quast et Ulrich Schüssler (Quast et Schüssler, 2000), dont le diagramme ternaire almandin-pyrope-andradite, suggèrent une similarité des types I et II avec deux sources en Inde, dont l’une au Rajasthan [ill. 6]. Ces résultats confirment que les gisements de l’Inde constituent une source plausible pour les almandins, sans que pour autant on puisse écarter ÉCHELLES DES ÉCHANGES 113 JUILLET 2019 HORS SÉRIE la zone géographique (une grande partie de l’Europe) et l’amplitude de la période couverte (du milieu du ve au début du viiie siècle). Les deux groupes de grenats almandins de types I et II se démarquent par une teneur légèrement différente mais bien distincte en MgO et CaO. Deux groupes de grenats pyraldins (types IIIa et IIIb) sont assez dispersés et deux groupes de pyropes (types IV et V) sont bien marqués. Ces six groupes se retrouvent lorsque l’on considère d’autres éléments comme l’yttrium [ill. 3] ou le chrome [ill. 4] dont l’étude est inédite³. Ce dernier permet de différencier nettement les deux types de pyropes, le type V comportant du chrome (jusqu’à 2 %) alors que le type IV n’en contient pas [ill. 5]. Nous avons comparé la composition chimique des grenats archéologiques avec, d’une part, les données des grenats géologiques de la littérature et, d’autre part, avec des mesures que nous avons effectuées sur un ensemble de grenats géologiques de provenance connue. Ces derniers sont des grenats de collections de musées de géologie et d’histoire naturelle et des échantillons collectés lors de nos missions de terrain. Il a été constaté qu’en Inde et au Sri Lanka, les grenats bruts se trouvent dans des dépôts alluvionnaires⁴, notamment le long des berges des fleuves d’où on les extrait soit artisanalement, à partir de simples labours, soit à partir de galeries non étayées partant d’excavations sommaires faites à la pelle mécanique⁵. Les grenats bruts de qualité « gemme », c’est-à-dire suffisamment transparents et peu chargés en inclusions, sont expédiés à Jaïpur pour être façonnés en perles et pendentifs dont la valeur marchande est faible, leur commercialisation ne se faisant pas en Inde, mais en Asie du sud-est où se trouve traditionnellement le marché des gemmes de couleur⁶. ARCHÉOPAGES . Des grenats présents sur différents objets de style cloisonné provenant du Staffordshire Hoard, de la Prähistorische Staatsammulung de Munich (notamment la tombe de Wittislingen), de la nécropole de Rhenen, de Grezd’Oiceau ou encore des collections du Musée archéologique national de Bucarest (les trésors d’Apahida) ont été analysés, avec le soutien de différents programmes de recherches européens (Eu-Artech, CHARISMA, IPERION). 3. Ces groupes ont été obtenus en appliquant les méthodes statistiques des nuées dynamiques et de l’analyse discriminante aux concentrations en éléments les plus significatifs. 4. Dénommés à tort mines, dans la littérature anglaise, alors qu’il s’agit de placers fluviaux. 5. Au Sri Lanka, les exploitations, contrôlées par l’État, ont des puits d’accès et des galeries solidement étayés. 6. Dans le sud de l’Inde, sur les rives du Tamil Nadu, on exploite des sables de grenats alors que les cristaux suffisamment grands et transparents pour une utilisation en gemme sont inconnus. lorsqu’elles sont localisées au sein du cristal de grenat. Quant à l’analyse micro-PIXE, elle permet d’en déterminer la composition chimique, lorsqu’elles affleurent à la surface du grenat (moins de 15 µm de profondeur). Le catalogue d’inclusions peut alors être croisé avec le tableau des compositions chimiques des cristaux de grenat. La méthodologie employée repose sur une stratégie de réduction de la problématique, en partant des objets archéologiques, plutôt qu’en engageant une comparaison avec des grenats géologiques. En effet, les grenats étant très répandus, la comparaison avec leurs innombrables sources prendrait trop de temps. Dans une première étape, nous avons choisi de mesurer, avec la meilleure précision possible, un maximum de paramètres (composition des grenats en pôles purs, en éléments traces, catalogue des inclusions, couleur, dimensions, etc.) pour un grand nombre de grenats archéologiques (plus de 5 000 actuellement). Cette étape a permis de les classer en groupes bien distincts, et la répartition de ces groupes, tant sur un même objet que d’un objet à l’autre, s’est révélée d’emblée particulièrement éclairante. De même, l’évolution de ces groupes au cours de la période mérovingienne a pu être établie en se fondant sur la datation typochronologique des objets archéologiques. Pour ce qui concerne la provenance, la signature chimique de chaque groupe a été utilisée comme critère pour sélectionner, parmi les sources géologiques, celles présentant un profil comparable. C’est avec ce nombre restreint de sources de grenats qu’une comparaison chimique fine a pu être menée, afin de proposer celles qui étaient à l’origine possible des grenats mérovingiens. Comme nous n’avons pas toujours eu accès aux sources géologiques les plus signifiantes, et pour garantir la représentativité des grenats des collections minéralogiques dont la provenance n’est pas toujours bien documentée, nous avons complété la base de grenats de référence par des échantillons que nous avons collectés au cours de missions de terrain en Inde (2011, 2012, 2013), au Portugal (2016) et au Sri Lanka (2017). Ce programme a, dans un premier temps, porté sur les grenats ornant les bijoux et accessoires vestimentaires des tombes aristocratiques mérovingiennes de la basilique de Saint-Denis (Calligaro et al., 2002). Au vu des résultats obtenus, il a rapidement été élargi à de nombreux objets mérovingiens de collections de musées ou de fouilles récentes en France (Calligaro et al., 2007). Depuis, les grenats de plusieurs collections européennes (Allemagne, Pays-Bas, Angleterre, Roumanie) ont été analysés au C2RMF en suivant le même protocole expérimental². Type I Type II Type IIIa 48% 32% 6% Origine Asie Inde Asie Inde Asie Sri Lanka Oxydes % moyenne écart type moyenne écart type Type IIIb moyenne écart type Type IV Type V 2% 5% 7% Asie Sri Lanka Europe Portugal Europe Bohême moyenne écart type moyenne écart type moyenne écart type 36.0 1.2 37.3 0.8 40.3 1.1 38.2 1.1 41.2 0.8 41.5 0.7 TiO2 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.4 0.04 0.45 0.16 Al2O3 20.8 1.2 21.5 0.7 22.4 0.6 21.3 0.6 23.1 0.4 21.6 0.6 Cr2O3 0.0 0.0 0.06 0.04 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 2.2 0.7 FeO 37.5 2.2 32.1 1.5 19.7 2.6 25.7 2.6 12.7 1.6 8.9 0.5 MnO 0.4 0.5 1.2 0.9 0.3 0.4 0.5 0.4 0.4 0.03 0.3 0.03 MgO 4.4 0.7 6.2 0.9 12.7 2.3 12.3 2.3 16.3 0.9 19.8 0.5 CaO 0.7 0.3 1.4 0.6 3.0 1.5 1.3 1.5 5.4 0.2 4.3 0.28 114 SiO2 Pyrope 0% Pyrope 100 % 0% a. gisement indien non localisé 100 % b. Rajasthan c. Sri Lanka d. Orissa 75 % 25 % e. Bohême (Rép. tchèque) 50 % 50 % 25 % 75 % 100 % 0% 25 % Almandin [ill. 5] Composition des six types de grenats archéologiques mérovingiens. 50 % 75 % 0% 100 % Gross + Spessartite 0% Almandin [ill. 6] Comparaison des diagrammes triangulaires de composition en pôles almandins, pyropes, spessartines et grossulaires pour les grenats mérovingiens (à gauche, identifiés par leur couleur) et pour des grenats géologiques de la littérature (Quast et Schüssler, 2000). On note que le type V (en noir) correspond aux gisements de Bohême (e), les deux types I et II (bleu et rouge) sont similaires à deux gisements d’Inde (a et b), le nuage dispersé du type III (en vert) à des gisements du Sri Lanka (c et d). 25 % 50 % 75 % 100 % Gross + Spessartite Type IV : grenats pyropes sans chrome L’origine de ce type de grenat qui apparaît dans le cloisonné tardif est longtemps restée énigmatique. Jamais mentionné dans les études précédentes, il a été identifié pour la première fois dans les objets des tombes de la basilique de SaintDenis de la fin du vie siècle (Calligaro et al., 2007), ainsi que dans les lettres de la couronne de Receswinthe († 672) du trésor wisigothique de Guarrazar en Espagne (Guerra, Calligaro, 2007). Le fait que les grenats de type IV soient associés à des grenats de type V, assurément d’origine européenne (par exemple, dans la fibule quadrilobée de la tombe 8 de Saint-Denis), suggère qu’ils proviennent d’un gisement d’Europe plutôt que d’Asie (Calligaro et al., 2007). Hans-Albert ÉCHELLES DES ÉCHANGES 115 JUILLET 2019 Types IIIa et IIIb : grenats pyraldins Ces grenats de composition intermédiaire entre pyrope et almandins forment un nuage assez diffus entre les groupes beaucoup plus resserrés des types I et II d’une part et des types IV et V d’autre part. Les analyses nous ont conduit à distinguer deux sous-groupes, les types IIIa et IIIb, sur la base des concentrations en CaO : 4 % pour le type IIIa et 1,3 % pour le type IIIb. Le type IIIa correspond au faciès charnockite des gisements du Sri Lanka (Farges, 1998), en particulier à Elahera, au centre de l’île. Les compositions de grenats géologiques du Sri Lanka publiées par Susanne Greiff (Greiff, 1999) et Ulrich Schüssler (Schüssler et al., 2001) sont en bon accord avec cette hypothèse. D’autre part, les mesures que nous avons effectuées sur de grenats rapportés de missions et sur des perles archéologiques en grenat du Sri Lanka confirment ces résultats (Calligaro, 2011)⁸. Le type IIIb correspond à d’autres gisements plus au sud de l’île, dans la zone gemmifère de Ratnapura. Il est important de mentionner que les grenats de ces deux sous-groupes ont été identifiés dans des objets de l’Antiquité (colliers, pendants et intailles). HORS SÉRIE effectivement que les grenats extraits des placers de Rajmahal dans le district de Tonk ont une composition identique au type I. En revanche, le type II, quasiment toujours associé au type I dans les objets mérovingiens, ne correspond à aucun des grenats de référence analysés. Enfin, on ne peut pas totalement écarter l’hypothèse d’une origine africaine des grenats, bien qu’aucune étude n’ait considéré cette possibilité. En effet, à l’époque où les grenats de type I se sont formés (1,5 Ma), les plaques indienne et africaine ne s’étaient pas encore séparées. L’Afrique de l’est possède par conséquent un contexte géologique similaire à celui de l’Inde et on trouve effectivement des gisements de grenats au Kenya et en Tanzanie. Cette piste africaine reste à explorer, d’autant plus que Pline l’Ancien cite différentes qualités d’« escarboucles » (terme désignant les pierres rouges englobant à coup sûr les grenats) et précise qu’elles provenaient d’Éthiopie, de Carthage et étaient commercées par les Garamantes, peuples nomades du nord de l’Afrique (Saint-Denis, 1972, livre 37). ARCHÉOPAGES . Uraninite sur la base des analyses µ-PIXE et µ-Raman. . Grâce à l’amabilité de Osmund Bopearachchi (Paris, ENS), directeur des fouilles, et à Christian Landes (alors directeur du Musée archéologique de Lattes), qui participa aux fouilles, nous avons pu analyser en 2011 une série de perles de grenats datés par les analyses 14 C de leur contexte des ier-ive siècles et provenant d’un habitat avoisinant le site métallurgique de Ridiyagama. des sources en Europe. Des critères supplémentaires sont donc nécessaires pour pouvoir trancher. Un indice déterminant est la présence fréquente d’inclusions radioactives microscopiques⁷ uniquement observées dans les grenats de type I. L’analyse par micro-sonde nucléaire et au synchrotron a permis de déterminer que ces inclusions contiennent de l’uranium (U) et du plomb (Pb), ce dernier résultant de la décroissance radioactive du précédent. Mesuré à plusieurs reprises dans ces inclusions des grenats archéologiques, ce ratio de 14 % indique qu’ils se sont formés il y a 1500 Ma (Protérozoïque moyen), ce qui en fait des minéraux particulièrement anciens. Cette information est cruciale car elle permet d’écarter toutes les formations géologiques d’Europe centrale et occidentale qui datent d’une époque postérieure. Comme le montre la carte de répartition des roches du Protérozoïque affleurant à la surface du globe [ill. 7], la datation des grenats de type I (Protérozoïque moyen, en orange sur la carte) ne laisse que deux possibilités pour leur origine. La première correspond au bouclier baltique qui affleure au sud de la Norvège, en Suède et en Finlande, daté du Protérozoïque moyen et ancien. Mais nos analyses et celles de la littérature montrent que les grenats de cette région ont une composition chimique très différente de celle des grenats de type I (notamment une concentration en calcium et en manganèse nettement supérieure). Cette incompatibilité a été confirmée par une étude de grenats archéologiques bruts ou partiellement taillés mis au jour dans des sites du ive au viiie siècle en Norvège, Suède et Danemark (Mannerstrand, Lundqvist, 2003). À l’exception d’un seul, les 26 grenats archéologiques ont une composition très différente des types I et II, notamment une concentration en CaO de l’ordre de 4 %, à comparer aux moins de 1 % du type I. Cela montre que les grenats employés en Scandinavie durant le haut Moyen Âge se démarquent nettement des grenats des objets mérovingiens. Une origine scandinave des almandins de type I est par conséquent improbable. L’autre possibilité se situe dans le sous-continent indien, où le très ancien bouclier de l’Inde présente deux zones d’un âge comparable à celui des grenats du type I. La première est celle du massif des Ghâts orientaux, bordant la côte orientale de l’Inde, entre l’Orissa au nord et le Tamil Nadu au sud, en passant par l’Andhra Pradesh. Cette formation très ancienne (jusqu’à 3000 Ma) a subi au cours du Protérozoïque moyen un métamorphisme intense qui peut expliquer la présence d’aiguilles de sillimanite dans les grenats des types I et II (Naqvi, Rogers, 1987). Des gisements historiques de grenats de qualité gemme sont d’ailleurs répertoriés à Kondapalli en Andhra Pradesh. L’autre zone d’intérêt en Inde est le massif de l’Aravalli, formation aussi ancienne que la précédente, située dans le nord-ouest du pays, historiquement réputée pour fournir des grenats gemmes de qualité, notamment dans la région du Rajasthan. L’analyse du matériel que nous avons rapporté des missions en Inde montre Archéen Protérozoïque inférieur 116 Protérozoïque moyen et supérieur Ceintures du Protérozoïque supérieur 100 % Sri Lanka 90 % 80 % Portugal 70 % Inde – ? 60 % 50 % Bohême 40 % 30 % Inde – Rajasthan 20 % 10 % type V type IV type III type II type I 0% 450 490 510 530 [ill. 7] Carte de répartition des affleurements de roches précambriennes à la surface du globe. Les zones en orange correspondent au protérozoïque moyen, date de formation des grenats. L’absence d’affleurements protérozoïques en Europe occidentale permet d’exclure cette provenance pour les grenats du type I, leur composition chimique étant d’autre part très différente de celle des grenats du Bouclier baltique. Pour des raisons géochimiques mais aussi géochronologiques, c'est donc l’origine indienne des grenats du type I qui s’impose. 560 600 625 [ill. 8] Évolution des types de grenats employés au cours de la période mérovingienne. Les grenats pyraldins d’Inde et du Sri Lanka disparaissent vers 600 et sont remplacés par des pyropes d’Europe. Évolution des sources de grenats au cours de la période mérovingienne Le grand nombre de grenats étudiés, combiné à la datation des objets supports (Legoux et al., 2016), a permis d’étudier l’évolution chronologique des types de grenats utilisés par les orfèvres au ÉCHELLES DES ÉCHANGES 117 JUILLET 2019 Perspectives historico-économiques Cette approche de l’origine des grenats employés par les orfèvres européens du premier Moyen Âge ouvre des perspectives historicoéconomiques passionnantes qui ne peuvent être exposées ici que succinctement. Il semble clair tout d’abord, en l’état actuel des grenats archéologiques analysés, que les orfèvres européens de cette période n’ont bénéficié que de six sources d’approvisionnement en grenats : deux en Inde (une au Rajasthan), deux au Sri Lanka et deux en Europe, l’une en Bohême et l’autre au Portugal [ill. 10]. Il est tout à fait remarquable que ce schéma se répète dans tous les pays d’Europe où des grenats ont pu être analysés. D’autre part, il est bien établi archéologiquement que les grenats d’Extrême-Orient ont cessé d’arriver en Occident à partir de la fin du vie siècle, entraînant la disparition du cloisonné faute de grenats adaptés, certains ayant été parfois dessertis et réutilisés, par manque de matière première. Le recours à des grenats européens ne s’est pas alors avéré concluant du fait de la relativement petite taille des gemmes qui ne permettait pas de réaliser un cloisonné couvrant. Cette apparente rupture de l’approvisionnement en grenats orientaux de l’Occident dès la fin du vie siècle confirme donc les travaux pionniers de Dieter Quast et Ulrich Schüssler (Quast et Schüssler, 2000) et de Uta von Freeden (Freeden et al., 2000). Celle-ci avait proposé d’y voir une conséquence économique de la perte du contrôle de la mer Rouge par les Byzantins au profit des Perses sassanides. En effet, c’est en 570, sous le règne du roi perse Khusro Ier HORS SÉRIE Type V : grenats pyropes riches en chrome Le type V se démarque nettement des types précédents par la présence de chrome (jusqu’à 5 %). Ces pyropes d’origine ignée se rencontrent dans des roches ultramafiques de type péridotites, kimberlites ou éclogites, et dans des sédiments issus de ces roches. Les kimberlites transportent depuis le manteau supérieur non seulement les grenats pyropes, mais aussi les diamants ; c’est pourquoi ces pyropes sont activement prospectés comme traceurs de diamants et leurs gisements bien répertoriés. La source la plus évidente des pyropes chromifères est le massif de Bohême (République tchèque) où ils sont extraits d’alluvions. Les compositions que nous avons relevées sur des pyropes de Bohême (Vestrev et Podsedice) sont en excellent accord avec celles obtenues par Dieter Quast et Ulrich Schüssler sur des pyropes de la même région (Třebenice et Mĕrunice) et coïncident remarquablement avec les grenats archéologiques de type V. Il fait donc peu de doute que ces grenats proviennent de Bohême. Il est important de souligner que si ce gisement réputé a connu un grand essor au xixe siècle, la première mention de son exploitation date du xvie siècle et aucune évidence archéologique de son exploitation avant cette époque n’avait été attestée jusqu’à présent. Si la plupart des travaux ont montré que le type V apparaît tardivement (à partir de 600), sa présence sur un certain nombre d’objets précoces a été récemment notée pour le ve siècle en Roumanie (Bugoi et al., 2016), ainsi que pour des garnitures cloisonnées du trésor de Childéric au Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale de France (Medino, 2016). On note d’intéressantes corrélations entre les six types de grenats au sein des objets. Les types I et II sont très souvent associés dans le même objet et il en est de même des types IV et V. Par contre, le mélange d’almandins des types I et II et de pyropes des types IV et V est exceptionnel. Les proportions type I/type II et type IV/type V sont toutefois variables d’un objet à l’autre. Les types IIIa et IIIb, moins communs, sont souvent associés aux almandins. cours du haut Moyen Âge. Les grenats des types I, II et III provenant d’Inde et du Sri Lanka sont largement majoritaires jusqu’à la fin du vie siècle [ill. 8]. À partir de cette période, ils cèdent la place à des grenats du type IV (Portugal) et du type V (Bohême). À titre d’exemple, la fibule quadrilobée de la tombe 8 et la garniture de ceinture en argent doré de la tombe 11 de Saint-Denis (premier tiers du viie siècle) portent à la fois des grenats des types IV et V. Il s’agit parfois exclusivement de grenats de type IV, comme sur la célébre applique de Limons (fin vie-première moitié du viie siècle). La présence des six types de grenats et la chronologie de leur apparition se répète sur les collections étudiées de la France à la Roumanie, de l’Allemagne à l’Angleterre [ill. 9]. Face à ces résultats prometteurs, il convient cependant de rester prudent, l’analyse de nouveaux objets pouvant remettre en cause ce schéma. Si certaines exceptions à ce modèle (présence d’almandins à une époque tardive) trouvent une explication dans le réemploi des gemmes, parfois évident, certaines observations restent à éclaircir. Par exemple, la présence des grenats de type V, typiques des objets tardifs, a aussi été constatée dans des objets précoces (fin du ve siècle), comme ceux de Louvres-en-Parisis (Farges, 1998), de la tombe d’Apahida III en Roumanie (Bugoi et al., 2016) ou, plus récemment, en ce qui concerne le « trésor » de Childéric († 481) (Medino, 2016). ARCHÉOPAGES Gilg a proposé plusieurs sources non asiatiques pour ce type rare de grenat (Gilg et al., 2010) : Nigéria, Écosse (Elie Ness), mine de Monte Suimo au Portugal, dont l’exploitation est citée par Pline (Gilg, Hyršl, 2014). Une mission sur ce site archéologique a permis de collecter des grenats bruts dont la composition s’est avérée en excellent accord avec le type IV. L’hypothèse d’une origine asiatique n’est pas à écarter définitivement, car l’étude a montré que certains grenats de référence de l’est de l’Inde (Rajamundri, Andra Pradesh) ont une composition similaire. Type Pays Localisation I Inde Rajmahal, district de Tonk *** IVe-VIe II Inde ? * IVe-VIe IIIa Sri Lanka (Ceylan) Elahera *** IVe-VIe IIIb Sri Lanka Ratnapura ** IVe-VIe IV Portugal Monte Suimo (Lisbonne) ** VIe-VIIe V Bohême (Rep. Tchèque) Region de Vestrev **** VIe-VIIe III Sous-type Confiance Période Remarques emploi gréco-romain exploitation dès l’époque romaine 118 Bohême Type V Portugal Type IV Alexandrie Egypte Bérenice Inde Type I Rajastan Type II ? Sri Lanka Type IIIa Type IIIb [ill. 9] Récapitulatif des six types de grenats mérovingiens avec leur provenance et leur période d’exploitation, ainsi que le degré de confiance quant à leur origine. [ill. 10] Évolution de l’approvisionnement en grenats de la Gaule mérovingienne. . Chennai University. . Central University Pondicherry. De nombreuses questions méritent donc une réflexion historico-économique approfondie, l’une des principales étant de savoir si la rupture d’approvisionnement de l’Europe occidentale en grenats et perles de verre d’Asie du sud-est constitue le reflet d’un phénomène économique beaucoup plus général que seul ce matériel archéologique permet de mesurer pour l’instant. Il importerait donc de tenter de vérifier si d’autres types de gemmes originaires du Sud-Est asiatique sont toujours parvenus en Occident après les ÉCHELLES DES ÉCHANGES 119 JUILLET 2019 HORS SÉRIE économique des grenats que l’Inde a exportés alors qu’elle ne les utilisait pas ou peu. Il est probable, si on extrapole à partir d’exemples contemporains, que ces gemmes, prisées par l’Occident deux siècles durant, avaient un coût d’extraction faible et une plus-value suffisante pour en faire un objet de commerce. Mais il convient également de tenir compte de la situation excentrée des gisements de grenats, notamment ceux du Rajasthan, situés à l’opposé des emporia maritimes du sud de l’Inde, ainsi que ceux de la côte de Coromandel, dans le golfe du Bengale, où le marchand grec Cosma Indicopleustès indique au milieu du vie siècle qu’on pouvait se procurer des grenats. Un long transport caravanier à travers le continent indien s’imposait donc. Reste encore posée, de même que pour ces transports à l’intérieur de l’Inde, la nature même des grenats exportés, bruts ou semi-ouvrés. Comme nous avons pu le constater sur place au Rajasthan, les cristaux bruts de grenats sont lourds et la masse de déchets très importante. Dans la mesure où l’Inde n’a pas produit de lames de grenats, on peut envisager que seuls étaient exportés des cristaux utilisables pour le cloisonné, préalablement sélectionnés et débarrassés de leur gangue inutile, et non les cristaux bruts, trop lourds. On peut encore s’interroger sur la question des réseaux d’importation des grenats d’Inde et du Sri Lanka et de leur distribution dans l’Europe mérovingienne. La remarquable homogénéité des grenats utilisés dans toute l’Europe plaide, de notre point de vue, en faveur de l’existence de grands comptoirs de distribution en Méditerranée. L’hypothèse d’un tel comptoir à Carthage, fondée sur la découverte d’un lot de grenats taillés, a pu être écartée, car nous avons démontré qu’il résultait du démontage grossier et récent d’objets cloisonnés, sans doute dérobés (Calligaro, Périn, Sudres, 2009). En revanche, la découverte récente au théâtre romain du Diana à Alexandrie (Égypte) de vestiges archéologiques d’ateliers de mise en forme de gemmes et notamment de grenats a permis l’examen de nombreux exemplaires à différentes étapes de leur taille en plaquettes, forme requise pour réaliser le cloisonné. L’analyse à Alexandrie de ces grenats par fluorescence X, avec un équipement portable du C2RMF et l’observation au microscope d’inclusions radioactives permettent de les attribuer aux grenats indiens des type I et II (Rifa, Calligaro, à paraître). ARCHÉOPAGES (531-579), que le Yémen était devenu un État vassal des Sassanides, après l’expulsion des Éthiopiens, alliés de Byzance. Ce n’est pourtant pas l’opinion de certains historiens indiens, comme le professeur Sethuraman Suresh⁹, dont la thèse a porté sur le matériel archéologique romain trouvé en abondance en Inde (Suresh, 2004 et 2007), ou d’archéologues, comme le professeur Rajan Karai Gowder¹⁰. Pour eux, le grand commerce maritime avec l’Occident qui existait depuis le iie siècle avant notre ère à partir des emporia côtiers indoromains du sud de l’Inde, via l’Océan indien et la mer Rouge et les emporia de la côte égyptienne, pour le transfert des marchandises à la Méditerranée par caravane a régressé du fait de l’instabilité politique des royaumes du sud de l’Inde et de leur perte de pouvoir, qui ont occasionné leur incapacité progressive à affréter des convois maritimes (Christides, 2014). L’acheminement des grenats indiens, et peut-être des perles de verre de type indopacifique, vers l’Occident serait ainsi le dernier marqueur archéologique de ce grand commerce maritime indien. Serait-ce à dire que cesse également au viie siècle l’approvisionnement indien de l’Occident par voie maritime en épices, parfums, tissus précieux, gemmes, etc. ? La question est posée, avec des pistes très intéressantes, les sources écrites indiennes, perses et arabes étant beaucoup plus riches en la matière que les sources occidentales (Banaji, 2012). Selon les archéologues indiens rencontrés, les grenats ont été peu utilisés en Inde durant les premiers siècles de notre ère, et uniquement comme perles et pendentifs de petite taille, alors que les lamelles de grenats, comme celles utilisées pour le cloisonné en Occident, sont, semble-t-il, inconnues en Inde. Les ve-vie siècles, où le maximum de grenats indiens parvient en Europe, correspondent d’ailleurs à une période où ils sont pratiquement absents des découvertes archéologiques indiennes. Alors que le monde gréco-romain n’a pas manifesté un goût particulier pour les grenats, ceux-ci, à partir du monde sassanide des iiie-ive siècles, via notamment ses vassaux alano-sarmates, s'imposent progressivement pour le décor cloisonné des armes et des objets de parure, de l’Empire des Huns à la Gaule, où la tombe de Childéric est une des plus anciennes manifestations du style cloisonné en Occident (Kazanski, Périn, Vallet, 2000). Dès la fin du vie siècle, cependant, les grenats deviennent, pour longtemps, des gemmes secondaires, pour les raisons évoquées ci-dessus. À l’issue de ces remarques, on ne peut manquer de poser la question de la valeur marchande des grenats que l’Inde a exportés durant au moins deux siècles vers le monde occidental. En effet, qu’il s’agisse des objets découverts dans les tombes des élites ou de ceux provenant d’inhumations plus modestes, ce sont bien les mêmes grenats qui ont été utilisés en Europe de l’ouest, où ils semblent avoir été très largement accessibles. On ne peut donc manquer de s’interroger sur l’intérêt 120 années 600, comme les améthystes. De même, si le grand commerce maritime jusqu’à la mer Rouge a pu connaître un déclin, d’autres routes, notamment terrestres (outre les fameuses « Routes de la soie ») ont pu être utilisées. Adams N., 2000, « The development of early garnet inlaid ornaments », in Balint C. (dir.), Kontakte zwischen Iran, Byzanz und der Steppe im 6.-7. Jahrhundert, Budapest-Naples-Rome, Publicationes Instituti Archaeologici Academiae Scientiarum Hungaricae, « Varia Archaelogica Hungarica » X, p. 13-70. Ambroz A.K., 1971, « Problemy rannesrednevekovoj hronologii Vostocnoj Europy », Sovetskaja Arheologija, 2, p. 96-123. 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